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  • Arrêtons la discrimination contre les personnes handicapées !

    La discrimination ne tue pas mais ronge. Dans la famille, dans le voisinage, au travail, ou dans la rue, la personne handicapée victime de discrimination sous une quelconque forme vit son handicap comme un calvaire.

    C’est du moins ce qui se lit sur le visage de Joseph Mépricien Petit, 57 ans. Cela fait déjà 4 ans que cet originaire de Dame-Marie vit avec un handicap à son genou gauche, victime lors du tremblement de terre de 2010. Il vit avec une prothèse au niveau du genou et se déplace avec l’aide d’une canne de support.

    Son plus grand mal n’est pas de vivre dans des conditions précaires avec des douleurs momentanées. L’hostilité de son environnement est encore plus dure à vivre, raconte-t-il. « Cela m’arrive souvent d’être taquiné par des gens de mon entourage et c’est dur de supporter qu’ils me traitent comme un moins que rien parce que je suis incapable de me défendre, dit-il. A la place Saint-Pierre où j’ai été tout de suite après le séisme, un autre sinistré m’a frappé à l’épaule et j’ai dû me servir d’un support de bras pour récupérer ». Quand ce n’est pas dans son entourage, c’est dans le transport en commun. « Même avec mes frais de transport, il arrive qu’on ne me laisse pas monter dans un bus », raconte-il d’une voix de misère.

    Quand la discrimination s’ajoute à la précarité des personnes handicapées, cela en fait des résignées. Rien qu’à entendre la voix de Marimise Fortuné, une femme handicapée elle aussi, parler de ses misères quotidiennes, on comprend son impuissance face aux moqueries de ses voisins. « Des gamins me tirent la robe, ils m’ironisent, me taquinent. Le plus dur pour moi est de les entendre dire que je n’ai rien, que je feins d’être malade pour avoir la pitié des gens et pour mendier », dit-elle.

    Cette femme de 65 ans vit encore dans un camp à Simon Pelé. Elle présente des difficultés à la marche à cause d’un handicap à sa jambe gauche qu’elle a développé des suites d’une crise d’hypertension. « J’ai perdu mon fils de 32 ans dans des circonstances douloureuses. Il a été abattu par des assaillants en allant au travail un matin. Suite à ses funérailles, j’ai eu la crise et suis devenue handicapée depuis lors », raconte elle. Aujourd’hui, son autre fils de 21 ans l’accompagne quand elle doit sortir mais ce jeune qui a quitté l’école faute de moyens financiers ne peut pas répondre aux besoins de sa maman fragile, ni ne peut la protéger de l’hostilité de son voisinage. «Tout moun nèt enmède manman m », regrette-t-il, impuissant.

    Comme Joseph Mépricien Petit et Marimise Fortuné, ils sont des milliers de personnes handicapées qui maudissent le jour de leur accident, maudissent leur existence pour avoir à vivre avec un handicap au milieu de gens qui ne les acceptent pas. Isolées et discriminées, celles-ci se referment, ne s’épanouissent pas et n’exploitent pas leurs capacités. Tant de ressources qui se perdent à cause de la discrimination.

    Si aujourd’hui la problématique du handicap est devenue un sujet de débat dans divers secteurs de la vie nationale grâce au dévouement des associations de personnes handicapées, d’organisations non gouvernementales intervenant dans le domaine, du Bureau du Secrétaire d’Etat à l’Intégration des Personnes Handicapées (BSEIPH), et de la volonté du gouvernement dans son ensemble à en faire une préoccupation gouvernementale, beaucoup reste encore à faire notamment dans la sensibilisation de la population sur leur implication d’une part à stimuler l’estime de soi chez les personnes handicapées et d’autre part à contribuer à leur intégration réelle dans la société. Donnons-leur la chance d’être des personnes accomplies et utiles.

    Bureau du Secrétaire d’Etat à l’Intégration des Personnes Handicapées