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  • La technologie de l’information au profit de l’intégration des personnes handicapées en Haïti

    Patrick Attié, Directeur Général de l'ESIH

    L’Ecole Supérieure d’Infotronique d’Haïti (ESIH) organise son troisième Hackathon les 17 et 18 août 2013 en partenariat avec le Bureau du Secrétaire d’Etat à l’Intégration des Personnes Handicapées (BSEIPH). Si le premier du genre réalisé en Haïti conjointement avec Digital Democracy a développé une application de géo référencement de données relatives aux violences subies par les femmes haïtiennes, la troisième édition vise le développement d’un logiciel de transformation de données téléphoniques pour une utilisation plus adaptée aux personnes vivant avec une déficience visuelle.

    « La manifestation sera grandiose, rassurent les organisateurs. Très cérébrale et très enrichissante ». En effet, deux journées de création technologique sont prévues les 17 et 18 août prochain dans les locaux de l’ESIH, autour du thème « Ann raproche e rann teknoloji a itil a moun andikape nou yo ». Pendant 48 heures, 40 jeunes informaticiens, programmeurs, développeurs, webdesigners et infographistes venus de divers établissements d’enseignement supérieur du pays se réuniront pour une même et noble cause. Ces jeunes seront regroupés en quatre équipes mises en compétition. Chaque équipe travaillera à développer une solution technologique pertinente pour les personnes handicapées vivant en Haïti.

    Ce nouvel outil technologique transformera les données graphiques transférées par texto téléphoniques (SMS) en données vocales et en messages électroniques. Il touchera essentiellement les non-voyants et sera, selon les responsables, une méthode nouvelle de communication en Haïti qui aidera à garantir l’autonomie des personnes handicapées.

    L’idée d’organiser ce Hackathon au profit des personnes handicapées est venue en constatant l’augmentation considérable du nombre de personnes vivant avec une déficience quelconque à travers le pays suite au tremblement de terre de janvier 2010. « Le nombre des personnes handicapées a nettement augmenté suite au séisme. Déjà que la problématique du handicap n’est pas suffisamment prise en compte dans plusieurs secteurs de la vie nationale », regrette M. Attié. Pour lui, c’est l’occasion pour le BSEIPH et l’établissement d’enseignement supérieur qu’il dirige, de développer de nouvelles compétences et de nouveaux programmes au profit de personnes vivant avec un handicap.

    Ce marathon technologique (Hackathon) se réalise dans le cadre d’un partenariat public-privé développé entre le BSEIPH et l’ESIH. Il est exclusivement financé par l’ESIH avec le support technique du BSEIPH. L’équipe du BSEIPH est enthousiaste quant à la réalisation prochaine de l’ambitieux projet de conversion de SMS, gardé trop longtemps  dans leur tiroir. Le projet qui a fait l’objet de démarches avec des firmes internationales en vue de son développement a récemment été soumis à l’ESIH.

    Othniel Etienne, Conseiller en communication au Cabinet du Secrétaire d’Etat à l’Intégration des Personnes Handicapées, félicite l’organisation du Hackathon qu’il estime être une solution peu couteuse, avec impact immédiat et qui peut être utilisée par les gouvernements pour développer des outils technologiques. Mais son appréciation de la volonté des étudiants à accomplir cette tâche admirable  y va au-delà. « J’ai eu l’honneur d’assister, à titre d’encadreur technique pour la « Konbit Teknolojik »,  à une présentation préalable des concepts de fonctionnement ainsi que des outils de programmation et logiciels qu’ils utiliseront pour concevoir les serveurs de conversion de SMS. Une chose est sûre, créativité et ingéniosité étaient de mise dans tous les scénarios de développement des serveurs présentés. Je partage de près l’euphorie de ces étudiants talentueux qui avaient tant soif d’un défi technologique à relever, ceci, au profit de leur pays », affirme M. Etienne qui dit bravo à cet acte patriotique des étudiants de l’ESIH.

    Le Hackathon développe aussi l’idée du « Konbit nasyonal » progressé de l’agriculture à la technologie, selon Richardson Ciguené, étudiant de l’ESIH. Une « konbit » technologique dont l’objectif est très claire: Elaborer une application qui marche et qui peut être utilisée tout de suite. « Le travail qui serait au point dans plusieurs semaines s’il était effectué par un petit groupe de spécialistes, le sera au terme de ces deux journées grâce à notre participation bénévole. Nous ferons du même coup, de nouvelles découvertes et expériences dans le domaine »,  explique Richardson, un peu impatient.

    Parallèlement, les initiateurs cherchent à prouver à travers ce travail de création, que les jeunes étudiants haïtiens ont de grandes potentialités et qu’il faut juste les encadrer. « L’événement révèlera les opportunités de créer de nouveaux emplois tout en stimulant la créativité chez les étudiants », estime Marlène Sam, responsable de coopération à l’ESIH. Ceux-ci croient qu’il est tant que la jeunesse s’assume et contribue au développement et au bien-être de sa communauté.

    Reportage vidéo: Emission « Sakapfèt pou Moun Andikape yo », # 35

    Bureau du Secrétaire d’Etat à l’Intégration des Personnes Handicapées