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  • Nephtalie Jn Louis : « Tout ce que vous faites dans votre vie est important »

    Elle est femme, elle est handicapée et elle fait du sport. On retiendra ces trois affirmations de l’athlète qu’est devenue Nephtalie Jn Louis.

    Née à Port-au-Prince et élevée dans une famille modeste, Nephtalie est âgée de 35 ans. Elle a très tôt été atteinte de la polio. « Maman raconte qu’elle est rentrée du travail un jour et m’a fait un bain. J’avais tout juste trois mois. En jouant avec moi, elle s’est rendue compte que ma jambe ne tenait plus. J’ai tout de suite été emmenée à l’hôpital où on m’a prise en charge. Seulement, on m’a injecté une mauvaise piqûre qui a aggravé ma maladie », raconte-t-elle.

    La petite fille grandit avec son handicap et le vit au mieux. L’école, les amis, les jeux, elle est épanouie! Très jeune, son apparence physique était celle d’un athlète. Ses premiers contacts avec l’athlétisme étaient des plus banals. « Tout le monde disait que j’avais le physique d’un athlète. Avec mon oncle un peu plus âgé que moi, on comparait la force de nos bras et j’avais raison de lui presque à chaque fois, raconte-t-elle un sourire au coin. Je m’en rappelle comme si c’était hier et c’est de là qu’est partie ma motivation pour l’athlétisme. »

    Faire des exercices sportifs avec ses amis du quartier devenait ses habitudes de petite fille. « Malgré tout ceci, je n’ai jamais eu à l’esprit que je deviendrais une athlète jusqu’à ma rencontre avec Jean Chevalier Sanon. J’étais alors en Rhéto », dit elle.

    Parallèlement à sa vie sportive, Nephtalie consacre du temps à des personnes importantes dans sa vie notamment sa petite fille de neuf ans qu’elle a mise au monde en 2005. « Je vis avec ma famille, mes parents, mes sœurs et ma fille. Nous avons de très bonnes relations et je suis bien avec eux », explique Nephtalie.

    Ses débuts

    Nephtalie fit ses études primaires et secondaires sans grandes difficultés relatives à son handicap. Mais sa vie allait prendre un nouveau tournant après sa rencontre avec Jean Chevalier Sanon du Comité Paralympique d’Haïti qui lui propose ses encadrements afin de se lancer définitivement dans l’athlétisme. « Je ne pensais pas qu’il allait me proposer cela quand il m’a approché. Je ne le connaissais pas et je l’ai rencontré alors que je rentrais de l’école. Il m’a tout de suite demandé si je voulais faire du sport et m’a proposée de travailler avec lui. J’ai accepté sa proposition et ma carrière a ainsi commencé », dit elle.

    Avec le support moral et financier de sa mère, Nephtalie commence les entrainements, non sans difficultés, au milieu de jeunes, sans handicap, stupéfaits de la voir manœuvrer les poids lourds. « Ils étaient tous étonnés de voir une fille, handicapée, pratiquer l’haltérophilie. Cela me gênait un peu mais je me disais que ce que je fais avait une importance et j’ai continué ».

    Ses compétitions

    En 2007, Nephtalie participe à sa première compétition internationale au Brésil, aux jeux Parapanam. Elle a alors 28 ans. Une compétition de laquelle la jeune athlète tire beaucoup d’expériences. Elle obtient aussi sa qualification pour les jeux paralympiques de 2009, en Chine. Nephtalie y vit sa plus grande déception lorsqu’elle est disqualifiée pour cause de surpoids. « J’avais l’impression de tricher alors que je ne savais pas qu’un surpoids pouvait me coûter cela et je n’avais personne pour me le dire. Tout était bien après le contrôle sauf mon poids. J’avais tellement honte et j’étais tellement déçue! »

    De retour au pays, elle reprend tout de suite les entrainements et se relance dans la course avec les jeux Parapanam en 2011, au Mexique. En 2012, à Londres, elle représente le bicolore haïtien pour la quatrième fois. Si Nephtalie ne rapporte pas encore de trophée au pays, elle continue de croire que ce sera bientôt le cas, avec elle ou avec un autre.

    Sa fierté

    Rentrer après une compétition est, pour Nephtalie, un moment magique. Mais son rêve ne se réalise toujours pas : celui de rapporter à la maison la médaille d’or. « Quand je rentre des compétitions, je suis accueillie avec chaleur. Ma mère, mes sœurs et mes amis proches, ceux avec qui j’ai travaillé sont toujours là pour me recevoir. C’est réconfortant de les entendre dire que j’ai donné le meilleur de moi-même et que j’aurais fait bien plus si j’étais mieux encadrée ». En effet, sa mère est l’une des plus grands fans de Nephtalie. Selon la jeune femme, elle l’a toujours supportée dans toutes ses activités sportives et a été avec elle depuis le début de l’aventure qui dure encore. Elle est aussi reconnaissante du support qu’apporte le Comité Paralympique d’Haïti.

    « Aucune fierté n’est plus grande pour un sportif, ambassadeur de son pays à une compétition internationale, d’entendre l’hymne national de sa patrie qui cartonne et de voir son drapeau flotter haut parce qu’il a remporté la compétition », dit-elle avec une touche d’émerveillement. Je souhaite fortement que cela m’arrive et je crois que j’y arriverai si on me donne l’encadrement qu’il faut ».

    Plus loin, l’athlète handicapée lance un vibrant message aux autres personnes vivant avec un handicap leur disant que « Tout ce qu’ils font dans leur vie est important, surtout quand leur travail est au profit de leur pays ».

    Bureau du Secrétaire d’Etat à l’Intégration des Personnes Handicapées